Bernard Ruhaud ...

Bernard Ruhaud
est éducateur spécialisé titulaire du Diplôme Supérieur de Travail Social
Écrivain de romans, poèmes et de nouvelles.
bernard ruhaud
Salut à vous ! Bernard RuhaudPublication 2010 Édition:
M. Nadeau
On ne part pas pour si peu Bernard Ruhaud Publication 2002 Édition:
Stock
La première vie Bernard Ruhaud Publication 1999 Édition:
Stock
Accueil familial et gestion de l'autorité parentale Bernard Ruhaud Publication 1997 Édition:
L'harmattan

Trois questions

Depuis quand écrivez-vous ?

–  J’ai toujours écrit un peu, pratiquement depuis que je sais écrire. C’est le cas de beaucoup de gens. Je crois que ce sont les poèmes de Victor Hugo, appris à l’école primaire, qui m’en ont donné envie. Puis j’ai découvert Prévert, Rimbaud, Guillevic, Ritsos et j’ai lu beaucoup de romans, surtout à l’adolescence. J’écrivais uniquement des poèmes, très courts en général. Adulte j’ai continué. J’écrivais des poèmes pour illustrer des photos de voyage ou pour des anniversaires, j’appelais cela de la « poésie domestique ». Mais jamais je n’avais pensé que mes textes pouvaient intéresser quiconque au-delà du cercle de proches pour lesquels ils étaient écrits.

Comment écrivez-vous ?

– Très vite, très peu. Qu’il s’agisse d’un texte court ou plus long, j’ai l’impression de ne commencer à l’écrire que lorsqu’il est déjà prêt. J’y pense la nuit, le jour, il se construit à grands traits en pensée. Je crois qu’il s’agit davantage d’une question de ton, d’atmosphère et de rythme que d’imagination. Ensuite cela vient très vite. Les éléments du texte s’emboîtent peu à peu comme un fil que l’on tire. Mon premier livre a été écrit en dix soirs. Un texte court me demande une à trois heures. L’écriture a quelque chose de magique. J’adore écrire et je suis toujours surpris d’être capable de le faire. Pourtant j’écris très peu et après chaque texte je ne sais jamais si j’écrirai autre chose.

Pourquoi écrivez-vous ?

– Je n’en sais rien. Mon premier livre a été écrit un peu par hasard. Mes enfants n’ont pas connu leurs grands parents paternels. Je leur en parlais et racontais mon enfance dans la banlieue rouge, au milieu des bidonvilles et en pleine guerre d’Algérie. Mais cela ne me convenait guère ainsi. Alors j’ai décidé de le leur écrire. Je pensais à une vingtaine de pages. Dix jours plus tard j’avais écrit « La première vie » qui, de fil en aiguille, a atterri sur le bureau de Jean Marc Roberts aux éditions Stock. En fait ce texte est un hommage rendu à mes parents, un voyage dans le puzzle de mes dix sept premières années pour être aux côtés de ma mère au moment où elle s’effondre, terrassée par une hémorragie cérébrale.
Que l’histoire tourne et que les gens disparaissent, c’est dans l’ordre des choses. Mais ce qui serait insupportable, c’est que cela n’ait jamais existé. Je suis profondément matérialiste et ne pense pas que les auteurs et les artistes en général aient un rôle ou une mission quelconque. Mais c’est grâce au fait que certains ont la chance de pouvoir exprimer ce qu’ils ressentent, ce dont ils ont été témoins, ce dont ils rêvent ou souffrent, ce à quoi ils aspirent, que ceux qui leur succèdent, des générations ou des siècles plus tard, peuvent porter un autre regard sur leur propre existence.

B. Ruhaud (novembre 2008)